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Arthur DARMEL, artiste lyrique
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Arthur DARMEL, artiste lyrique
16 février 2011

Enregistrements : nature, origine et commentaires

Tous les collectionneurs de "vieilles cires" le savent (et j'en possède un certain nombre dont des incunables), les enregistrements acoustiques ne donnent qu'une très pauvre idée de ce que furent les grandes voix lyriques au tournant des 19ème et 20ème siècle, celles qui n'eurent pas le temps ou la chance de bénéficier de la formidable avancée de l'enregistrement électrique arrivé aux alentours de 1925.

Des documents d'époque nous montrent le chanteur penché vers le pavillon acoustique qui relève plus de l'inhalateur que d'un appareil d'enregistrement. Mon père m'a souvent rapporté les souvenirs de ses parents soumis à cette étrange pratique, son inconfort et les résultats parfois catastrophiques s'apparentant plus à ceux d'une Florence Foster Jenkins qu'à ceux d'artistes accomplis et admirés (je pense aux disques originaux de Scaremberg, Litvine ou même Melba que je possède et bien d'autres).

Il fallait un Caruso à la voix exceptionnellement phonogénique (pourtant mort en 1921) pour passer l'écueil acoustique et bénéficier aujourd'hui des techniques les plus pointues de restauration.

Mes grands-parents n'eurent pas cette opportunité. D'abord, comme le dit mon père dans la biographie qu'il a établie, leur éloignement de l'Opéra de Paris à partir de 1921, les marginalisent quelque peu notamment par rapport à ce  qui devient "l'industrie" du disque et les circuits commerciaux. Ensuite, ils étaient tous deux d'une extrême modestie et n'entamèrent pas les démarches qui leur auraient permis de bénéficier de "l'électrique". Enfin, ils appartenaient à une génération pour qui le disque n'était pas la priorité. D'autres qu'eux ont mieux compris son intérêt notamment, il faut le dire, d'un point de vue pécuniaire.

 

Par conséquent, pour mon grand-père, si l'on devine la qualité et la beauté de la voix notamment dans "vois ma misère" ou "esprits gardiens", c'est plus difficile dans d'autres enregistrements comme ceux des Huguenots. [Ses enregistrements de la "cavatine" de Faust et de "Plus blanche que la blanche hermine" des Huguenots ne sont pas inclus dans ce blog].
Les articles de presse mais aussi les souvenirs de mon père ou encore les témoignages directs ou indirects (M. Rousseau, conservateur à la Monnaie en 1981), font état d'une voix puissante, chaude, brillante, celle d'un "fort" ténor initialement baryton. Certes, mon grand-père ne devait pas avoir le contre-ut "naturel" (il avait travaillé dur pour cela) mais tout de même les critiques extrêmement élogieuses de ses interprétations de Faust et des Huguenots laissent présager un aigu qui n'a rien à voir avec celui des enregistrements !

En juin 1925, à propos du Tannhäuser donné au Théâtre des Arts de Rouen, l'Officiel artistique et théâtral notait encore : "Monsieur Darmel au tempérament ardent et à la voix puissante à l'aigu, a bien personnifié le rôle initial et a détaillé le retour de Rome d'une excellente façon.".

 

Les enregistrements qui figurent en "ligne" sont donc issus d'un CD de repiquage élaboré à partir de disques commercialisés "Odeon" issus de collections privées mais aussi des repiquages "maison" de la quinzaine de disques originaux que je détiens mais qui sont des disques d'essai, réalisés à Bruxelles, la plupart de 1914 dont les matrices disparurent durant la première guerre mondiale.

 

Pour finir cette brève présentation, je rappellerais les éternels regrets de mon père quant au fait qu'Arthur Darmel n'ait jamais enregistré son rôle fétiche de Canio dans Paillasse où il délivrait paraît-il une interprétation véritablement "habitée" et superbe vocalement.

 

Aux regrets de mon père je joindrais les miens quant à la discographie plus que réduite de ma grand-mère. Même au travers d'un "air des larmes" acoustique, je discerne assez facilement une mezzo remarquable qui trouverait sans doute une place de choix sur les scènes lyriques d'aujourd'hui.

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Arthur DARMEL, artiste lyrique
  • Arthur FRANCOIS dit DARMEL (1879-1944), fut un grand artiste lyrique de l'école de chant belge. Baryton puis ténor, sa brillante carrière s'est déroulée jusqu'en 1930 au sein des plus prestigieuses institutions à Bruxelles, Londres et Paris notamment.
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